La contraception d’urgence est accessible en France depuis 1999 et est gratuite depuis peu pour toutes les femmes mineures et majeures sans prescription. Le droit à avorter, et à pratiquer l’avortement, est garanti par la loi Veil depuis 1975. Le délai légal a été allongé à 14 semaines en 2022. Depuis 2024, le droit à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est inscrit dans la Constitution Française.
Après un rapport à risque : la pilule d’urgence / la contraception d’urgence
Suite à un rapport sexuel non protégé ou un échec de contraception (comme un préservatif qui se déchire ou l’oubli d’une pilule) vous pouvez utiliser une contraception d’urgence hormonale (aussi appelée la pilule d’urgence ou autrefois “pilule du lendemain”). Elle est disponible sans ordonnance en pharmacie et est gratuite pour les personnes mineures et majeures.
Pour être efficace, elle doit être prise le plus tôt possible, dans les 72 heures suivant le rapport sexuel à risque. Pour l’obtenir, vous pouvez vous rendre :
- dans n’importe quelle pharmacie,
- à l’infirmerie scolaire,
- dans un Centre de Santé Sexuelle ou au Planning Familial,
- au service de santé universitaire,
- ou dans un CeGIDD (centre gratuit d’information de dépistage et de diagnostic).
La liste des professionnels est disponible sur www.onsexprime.fr/trouver-un-professionnel
Si vous en avez besoin en urgence un dimanche ou un jour férié, vous pouvez vous rendre dans la pharmacie de garde la plus proche de chez vous.
Se protéger jusqu’au retour des règles
Les rapports sexuels suivant la prise d’un contraceptif d’urgence doivent nécessairement être protégés (avec un préservatif) jusqu’au retour des règles. En effet, la pilule d’urgence empêche une grossesse uniquement pour le rapport à risque qui a eu lieu avant sa prise. Elle n’agit pas pour les rapports sexuels qui ont lieu après.
Attention : la contraception d’urgence ne protège pas contre les Infections Sexuellement Transmissibles et ne doit être utilisée qu’occasionnellement. Elle ne remplace pas une contraception régulière.
A noter enfin : un dispositif intra-utérin (stérilet) au cuivre peut également servir de contraception d’urgence s’il est posé dans les 5 jours qui suivent un rapport sexuel mal ou non protégé.
Important : vous n’avez pas à justifier des raisons pour lesquelles vous avez besoin de la contraception d’urgence. La ou le pharmacien n’a pas le droit de refuser de vous la délivrer.
Que faire en cas de suspicion de grossesse ?
Vous pensez être enceinte ? Vous avez un retard de règles ou d’autres symptômes (douleurs aux seins…) ? Pour savoir si vous êtes enceinte, il faut réaliser rapidement un test de grossesse urinaire. Vous pouvez en obtenir en pharmacie (payant et non remboursés) ou gratuitement dans un centre de santé sexuelle.
Inutile de le faire trop tôt, le résultat ne serait pas fiable. Vous devez le réaliser le jour où vous étiez censée avoir vos règles ou le lendemain, de préférence avec les premières urines du matin.
Si le test est positif, cela signifie que vous êtes enceinte. Vous pouvez choisir de poursuivre votre grossesse ou d’avorter.
S’il est négatif, il est probable vous ayez un simple retard de règles sans être enceinte. Cela peut être stressant mais néanmoins, cela est fréquent et sans gravité. Il peut aussi s’agir d’un “faux négatif”. En cas de doute, refaites un test quelques jours plus tard.
Les délais, méthodes et étapes pour avorter
Important : vous n’avez pas à justifier des raisons qui vous poussent à avorter. Chaque femme a le droit de choisir de vouloir devenir mère ou non, et de décider quand elle souhaite le devenir ou non. Votre corps, votre choix.
La grossesse est avérée et vous souhaitez l’interrompre. C’est votre droit. Vous pouvez avoir recours à une Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), quel que soit votre âge. Une fois votre décision prise, il faut enclencher les démarches rapidement pour respecter les délais légaux.
Les délais selon les méthodes
Il existe deux méthodes principales pour interrompre votre grossesse : l’IVG médicamenteuse et l’IVG chirurgicale.
L’IVG médicamenteuse
Elle est possible jusqu’à 7 semaines de grossesse, soit 9 semaines d’aménorrhée (c’est à dire 9 semaines écoulées depuis le premier jour de vos dernières règles). Elle consiste à prendre deux médicaments qui, ensemble, provoquent l’expulsion de l’embryon. Ce procédé se fait sous surveillance médicale, en général à domicile ou à l’hôpital selon l’avancée de la grossesse.
L’IVG chirurgicale
Elle peut être pratiquée jusqu’à la fin de la 14ème semaine de grossesse (16 semaines d’aménorrhée). Elle est réalisée à l’hôpital sous anesthésie locale ou générale et consiste en l’aspiration de l’embryon. Il s’agit d’une intervention rapide et sans risque majeur pour la santé lorsque réalisée dans de bonnes conditions médicales.
Les étapes
1. Prenez RDV au plus tôt
Dès que vous apprenez que vous enceinte, si vous ne souhaitez poursuivre la grossesse, il faut prendre rendez-vous avec un professionnel de santé. Vous pouvez consulter un médecin généraliste, un gynécologue, une sage-femme, l’infirmière scolaire ou vous rendre dans un centre de santé sexuelle ou au Planning Familial.
Ces professionnels vous accompagneront et vous informeront au mieux, de manière confidentielle et sans jugement.
Vous pouvez aussi prendre directement contact avec un service d’orthogénie de l’hôpital de votre choix. Il s’agit du service dans un hôpital ou une clinique qui s’occupe des IVG.
2. La consultation d’information
La première consultation consiste en un entretien d’information, obligatoire avant l’intervention. Lors de cet entretien, le professionnel de santé explique les différentes options, les étapes à suivre, et recueille le consentement éclairé de la personne concernée. Une prise de sang pourra vous êtes prescrite pour confirmer la grossesse.
3. Consultation psycho-sociale
Un soutien psychologique vous est proposé avec une consultation psycho-sociale. Cet entretien est obligatoire pour les mineures. Aucun délai de réflexion minimal n’est à respecter entre les entretiens et l’avortement.
4. Dater la grossesse avec une échographie
Les médecins pourront vous demander d’effectuer un échographie de datation qui comme son nom l’indique permettra de dater plus précisément la grossesse (et donc de connaitre le délai que vous avez pour avorter). Cette échographie permet également de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une grossesse extra-utérine (dans ce cas, l’IVG est indispensable pour ne pas compromettre la santé de la femme). Ceci étant, avant 3 semaines de grossesse, il est impossible de voir quoi que ce soit à l’échographie. A ce stade précoce, on vous proposera donc de procéder à une IVG médicamenteuse.
5. L’avortement est programmé
L’IVG est pratiquée selon la méthode la plus indiquée pour vous.
6. Après l’interruption de grossesse
Deux à trois semaines après l’IVG, une consultation de suivi est prévue pour s’assurer que tout s’est bien passé. Une nouvelle échographie vous sera proposée pour vérifier que la grossesse est bien terminée et qu’aucune complication n’est apparue. Il est souvent proposé à ce moment là de discuter de la meilleure contraception à adopter afin de prévenir une nouvelle grossesse non désirée.

Combien ça coute ?
L’IVG est un droit en France, pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie. Que ce soit pour les entretiens de consultation, les échographies, les prises de sang et l’acte d’avortement : vous n’aurez rien à payer, quel que soit votre âge et votre situation.
Avorter lorsqu’on est mineure
Les mineures ont le droit d’accéder à l’IVG sans le consentement parental. La loi française permet aux jeunes filles de prendre cette décision en toute autonomie, mais elles doivent être accompagnées d’une personne majeure de leur choix lors des démarches et de l’intervention. Si vous n’avez personne pour vous accompagner, le Planning Familial peut vous aider.
Elles ont également la possibilité de bénéficier d’un accompagnement psychologique gratuit si elles le souhaitent.
L’anonymat et la confidentialité sont garantis, et l’IVG est totalement prise en charge par l’Assurance Maladie.
Que faire si vous avez dépassé le délai légal ou que vous rencontrez des obstacles pour accéder à l’IVG ?
De la même manière que personne ne peut vous forcer à interrompre votre grossesse, il est illégal de vous empêcher d’accéder à une IVG. En effet, la loi précise que le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher une personne de pratiquer ou de s’informer sur une IVG est un délit. Que cette contrainte soit exercée physiquement ou par pressions psychologiques, on parle de délit d’entrave à l’IVG.
Si vous rencontrez des obstacles pour accéder à l’IVG
Si un médecin vous refuse de pratiquer une IVG alors que vous êtes dans le délai légal : c’est son droit. Aucun professionnel de santé n’est tenu d’accomplir un avortement si sa conscience l’en empêche. En revanche, il a l’obligation de vous orienter vers un autre praticien qui acceptera de pratiquer l’IVG.
Si vous rencontrez des difficultés à trouver un lieu ou des professionnels de santé : contactez le numéro vert national « IVG, contraception, sexualités » au 0 800 08 11 11. Vous serez accompagnée dans vos démarches et orientée vers des établissements et ou des professionnels de santé qui réalisent des IVG près de chez vous.
Si vous avez dépassé le délai légal pour avorter
Si vous avez dépassé le délai légal pour avorter en France (14 semaines de grossesse) : des possibilités existent pour pratiquer une IVG à l’étranger, notamment dans des pays frontaliers. Cela peut avoir un coût. Le mieux est de contacter rapidement le Planning Familial qui vous donnera toutes les informations nécessaires.
Si vous n’avortez pas, que la grossesse va à terme et que vous ne souhaitez pas ou ne pouvez pas garder l’enfant, des solutions existent :
- Vous pouvez accoucher de manière anonyme sous le secret et demander à ce que l’enfant soit adopté par une autre famille. On parle d’accouchement sous X. Vous pouvez accoucher sous le secret quel que soit votre âge, mineure ou majeure. Il suffit d’en informer les équipes médicales qui vous donneront toutes les informations nécessaires. Elles contacteront les services de l’Aide Sociale à l’Enfance qui seront en charge de permettre l’adoption. Après la naissance, vous aurez un délai de 2 mois de réflexion où vous ou le co-parent pourrez changer d’avis et décider de reconnaitre l’enfant. Au delà des deux mois, l’enfant sera placé à l’adoption. Vous pourrez par ailleurs choisir de lever le secret de votre identité à tout moment, au cours de votre vie. S’il en fait la demande, l’enfant pourra alors connaitre l’identité de sa mère biologique.
- Si vous ne vous sentez pas prête à assumer pleinement la responsabilité de votre enfant pour le moment, mais que vous souhaitez garder un lien avec lui, vous pouvez demander une délégation volontaire de l’autorité parentale. Cela permet de confier temporairement la responsabilité de votre enfant à un tiers, comme vos parents ou les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE), tout en vous laissant le temps de vous organiser pour l’avenir. Dans certains cas préoccupants, cette délégation peut aussi être décidée par un juge sans votre consentement.
Les idées reçues sur l’avortement
Le site web ivg.gouv.fr est le seul site officiel qui fournit toutes les informations à connaitre pour avorter et pour vous aider à prendre une décision éclairée. Il répond de manière fiable aux questions les plus courantes que vous pouvez vous poser dans cette situation. Vous pouvez également contacter le 0 800 08 11 11 (numéro gratuit et anonyme géré par le Planning Familial).
On compte de nombreuses idées reçues et tabous autour de l’IVG.
Selon une étude, les femmes qui ont le plus recours à l’avortement sont les 25-29 ans.
Certains pensent que les femmes qui pratiquent l’avortement sont des femmes “dévergondées” ou idotes, qui avorteraient avec légèreté, ignorance et voire même avec une carte de fidélité… D’une part, ces jugements de valeurs sont profondément sexistes. Personne n’a le droit de juger ou de commenter la vie sexuelle d’une femme ni son choix ou ses raisons d’avoir recours à une IVG.
D’autre part : parmi les femmes qui ont recours à l’IVG, la grande majorité (plus de 2 sur 3) utilisaient une méthode de contraception jugée fiable mais qui a malheureusement échoué (oubli de pilule, préservatif qui se déchire…). Et quand bien même, une femme qui n’a pas utilisé de contraception et a recours à l’avortement est dans son droit le plus strict et doit être respectée.
Il n’y a pas un nombre maximum d’avortement autorisé en France.
Il n’existe pas de syndrome post-avortement : vous ne serez pas nécessairement remplie de culpabilité ni en proie à une terrible dépression, malgré ce que certains pourraient vous faire croire ! La manière de vivre un avortement est propre à chacune. Et comme nous l’avons vu, un suivi psychologique et un accompagnement sont automatiquement proposés pour vous soutenir.
Les cas de complications sont très rares, en particulier si l’avortement est réalisé dans de bonnes conditions. En général, les complications ne sont en plus pas liées à l’IVG en tant que telle mais sont sous jacentes aux problématiques rencontrées en gynécologie et dans l’obstétrique habituellement. En d’autres termes : il y en a autant de risque de complications pour une IVG que pour une grossesse menée à terme ou lors d’un arrêt spontané de grossesse (une fausse couche).
Une IVG réalisée dans de bonnes conditions n’impacte pas la fertilité ni la santé de la femme.
Contacts fiables et ressources utiles
Vers qui me tourner ?
Plusieurs structures sont là pour vous accompagner de manière bienveillante et confidentielle dans vos choix et vos démarches, sans jugement.
- Le Planning Familial est une association qui vous informe gratuitement et vous accompagne sur toutes les questions liées à la vie sexuelle, la contraception, l’IVG, la parentalité…
- Les Centres de Santé Sexuelle (CSS) proposent également un accueil gratuit et des infos sur la vie affective et sexuelle. Comme le Planning familial, les CSS délivrent la contraception d’urgence, des tests de grossesse et peuvent vous accompagner pour accéder à une IVG.
- Les espaces vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) peuvent également vous renseigner
Consulter des infos vérifiées
Vous pouvez aussi consulter plusieurs ressources fiables et très détaillées en ligne :
- Service-public.fr : site officiel sur les droits et les démarches en France notamment sur l’IVG et l’accouchement sous X
- Dossiers Ameli : La contraception d’urgence / L’Interruption Volontaire de Grossesse
- Onsexprime : site d’info et conseils sur la sexualité pour les jeunes, notamment sur la contraception, l’avortement, que faire en cas d’oubli de pilule, les dépistages…
- QuestionSexualité.fr : site d’information sur toutes les questions liées à la vie sexuelle (anatomie, grossesse, contraception, avortement, IST…)
- ivg-contraception-sexualites.org : site d’information, tchat et ligne d’écoute gratuite (0 800 08 11 11) de 9h à 20h du lundi au samedi
- ivg.gouv.fr : le site d’information officiel sur l’interruption volontaire de grossesse
Attention, soyez prudent·e·s : on trouve parfois sur internet des soi-disant sites d’information sur l’avortement qui sont en réalité des sites anti-avortement. Ces sites “pro-vie” sont souvent très bien faits et ont l’air officiels. Ils ne diffusent en réalité aucune information factuelle ni vérifiée vous permettant d’accéder à une IVG. Ils souhaitent avant tout vous faire changer d’avis et culpabiliser, en jouant sur les idées reçues et de fausses informations.
Important : l’entrave à l’IVG est un délit, même sur internet.